Cinq questions à Déborah Laurent de SeaYouSon

Cinq questions à Déborah Laurent de SeaYouSon

Le blog SeaYouSon, c'est un concentré ultra bien écrit de réflexions, conseils et découvertes à propos de la famille, de voyages, de lifestyle et de culture. Derrière cette plume dynamique et sans faux-semblant, on retrouve Déborah, journaliste de 36 ans. Avec Dan, chanteur, guitariste et monteur vidéo, ils sont les heureux parents d’un petit garçon de 6 ans, Ezra. Au fil de ses posts, Déborah nous fait nous interroger sur des sujets variés, du cinéma à l'éducation, et nous suivons ses rêves qu'elle fait en sorte de réaliser. Récemment, nous avons vécu presqu'avec elle les rebondissements de son expatriation à l'île Maurice et l'arrivée de sa Green Card. Des aventures palpitantes et instructives, à l'image de ses articles. 

Louise (co-fondatrice et autrice de Côa Côa) a rencontré Déborah dans le cadre de la publication de son livre "Journal de bord d’une maternité décomplexée" (lien en bas de page), un récit sans tabou de sa grossesse, de son accouchement et du tsunami émotionnel que provoque l’arrivée d’un enfant dans notre vie.

Déborah est une grande lectrice et elle a transmis son amour des livres à son fils. C'est à propos de cette transmission que nous l'interrogeons aujourd'hui.

@seayouson 

1. Déborah, si je te dis "l'enfant et la lecture", qu'est-ce que cela t'évoque ?

Un vrai plaisir partagé chez nous. Je suis une grande lectrice et j'ai très envie de partager cette passion-là avec mon fils. Depuis qu'il est bébé, je lui achète des livres. Je ne les ai jamais rangés loin de lui : il y a toujours eu accès. Je n'avais aucun souci à le voir les mâchouiller ou les feuilleter avec sa brutalité de bébé :) Je voulais qu'il ait des livres en main, que ça lui donne le goût de la lecture, qu'il en veuille toujours plus. 

Je m'organise très régulièrement des virées en solo aux rayons littérature jeunesse et je peux y passer des heures. C'est une vraie passion pour moi : les illustrations comptent autant que les messages véhiculés. Je débarque donc régulièrement à la maison avec des cartons pleins de bouquins rien que pour lui et on est tous les deux excités au moment du coucher. Je lui lis des histoires tous les jours, depuis toujours. C'est un rendez-vous quotidien

Parfois, le soir, s'il a eu la permission de regarder un petit dessin animé et si, en voyant l'heure qui tourne et la mise au lit qui approche, je lui dis "soit tu regardes la fin du dessin animé, soit on lit une histoire à deux", il choisira toujours l'histoire. À chaque fois ça m'étonne et ça me réjouit !

Aujourd'hui, il a 6 ans et c'est un très bon lecteur. Je lui ai acheté ses premiers petits romans. Vu qu'il n'y a plus vraiment d'images (ou très peu), j'ai opté pour des domaines qui l'intéressent, histoire que ça le stimule et que ça lui donne envie de continuer. Son premier roman parlait des Pokémon : un univers qui, perso, ne me parle pas du tout mais lui, il adore. Je pars du principe que c'est à lui que ça doit plaire. Il faut entretenir son goût de la lecture et ne pas le décourager avec des lectures qui ne lui "parlent" pas.

2. En quoi la lecture aide Ezra à grandir, selon toi ? 

On m'a toujours dit qu'Ezra "parlait bien". Il a un vocabulaire pertinent, il choisit ses mots avec soin. Alors d'abord, il est enfant unique, donc il traine toujours avec nous, ses parents : il participe à nos discussions d'adulte. Et puis, la lecture lui permet de découvrir les nuances de la langue. On lit en français et en anglais, et il ressort régulièrement des expressions qu'on a découvertes ensemble

Notre lecture à deux, c'est aussi un moment hyper câlin. La nuit tombe, les petites angoisses ressortent, ça ouvre la discussion, parfois, il interrompt la lecture pour me raconter quelque chose qui s'est passé à l'école. Le fait d'être détendu, à mes côtés, fait qu'il se sent en sécurité, écouté, rassuré. La lecture est aussi un prétexte pour se poser dans le quotidien parfois très sport

Comme je te le disais, je fais attention aux messages véhiculés. J'aime bien en discuter avec lui ensuite : qu'en penses-tu ? tu es d'accord ? tu aurais réagi pareil ? Ça le fait réfléchir et du coup, forcément, ça le fait grandir.

3. Quels sont ses cinq livres préférés et pourquoi ?  

Bon, ça, c'est vraiment difficile. Je ne sais pas si ce sont ces préférés mais je te donne les plus marquants.

  • Mini cowboy
Mini Cowboy livre

De Daniel Frost, L'École des loisirs

C'est l'histoire d'un tout petit cowboy qui vit dans le désert. Il est tellement petit qu'il ne sait même pas atteindre le bar du saloon pour se prendre un verre. Alors bon, se défendre face aux dangers... Jusqu'au jour où il rencontre deux cowboys comme lui : une fille et un garçon. À eux trois, ils vont trouver un moyen de se faire entendre et respecter.

Les illustrations sont trop belles, l'histoire est très sympa et le message (ensemble, on est plus fort) est simple mais important. 

  • Le Dipoilocus et autres dinosaure méconnus

De Lise Benincà et Clémence Lallemand, éditions Hélium.

Une récente découverte. On a bien ri en découvrant les noms de ces dinosaures inconnus. 

  • Les lapins crétins
Les lapins crétins

De Thomas Priou et Dab's chez Glénat

Il adore me raconter les blagues des lapins crétins. Je les lui achète mais je ne les lis pas avec lui. Je lui dis que moi, ce n'est pas mon truc mais que ça a le droit d'être le sien. J'aime bien l'encourager à s'affirmer, à faire des choix par lui-même au lieu d'opter pour des bouquins qui vont d'office me faire aussi plaisir à moi. On peut se retrouver sur certains livres et pas sur d'autres et c'est très bien comme ça. Qu'il ne m'attende pas pour étendre son univers...
  • Le concours de cabanes

Livre Le concours de cabanes

De Camille Garoche chez Little Urban

Il adore faire des cabanes donc forcément, ça lui parle. Et les images sont incroyables. Un délice à feuilleter.
  • Plus jeune, il adoré Le Bain de Berk

Le bain de Berk

De Julien Béziat, collection Pastel de l'École des loisirs

 

Le héros de l'histoire est un doudou tout sale. Ça aussi, ça lui parlait bien :)

  • On adore aussi Lucky Joey
Livre Lucky Joey

De Carl Norac et Stéphane Poulin, collection Pastel de l'École des loisirs

C'est l'histoire d'un écureuil de Central Park qui, après beaucoup d'embûches, vit son rêve américain. C'est triste mais c'est très très beau comme texte. Et les dessins sont à tomber.

4. Que conseillerais-tu à des parents qui aimeraient davantage intéresser leur enfant à la lecture? 

Ne pas être maniaque. Je laisse Ezra emporter des livres avec lui dans la voiture (il en prenait chaque matin pour faire le trajet Lasne, où on vivait, - Wavre où était son école et évidemment il ne le rangeait jamais après donc ma banquette arrière était régulièrement jonchée de bouquins), il en lit au petit-déjeuner, il y en a au pied de son lit et tout autour de lui sur sa couette. Je lui demande de prendre soin de ses livres mais il a le droit de les déplacer. Il a toujours eu accès à sa bibliothèque.

 
Il faut aussi acheter des livres adaptés à son âge. Avant d'acheter, je me rends sur les sites des éditeurs : ils proposent souvent quelques pages en libre accès. Ça me permet de savoir tout de suite si le texte et les illu vont lui parler. 

Et puis je dirais aussi : lisez, vous-même. Ezra me voit lire depuis toujours. Ma Kindle ne me quitte jamais. Je lis dans ma voiture, je lis à la plage, je lis dans le canapé à côté de lui qui joue aux Lego, je lis à côté de lui quand il s'endort. Je n'ai aucune culpabilité à lui dire de me laisser une demi-heure de tranquillité parce que je veux finir mon chapitre. L'exemple joue. Il me voit prendre du plaisir du coup il ne voit pas du tout la lecture comme une corvée : au contraire, il a envie de savoir ce qui m'emballe autant. 

5. En tant qu'adulte, qu'est-ce que la lecture t'a apporté ? 

J'ai grandi dans une petite ville très grise. J'ai trois frères et soeur, on ne peut pas dire que mes parents avaient un temps incroyable à nous consacrer à tous, individuellement. Du coup, la lecture, c'était mon échappatoire à l'ennui.

J'allais piquer des livres (absolument pas de mon âge) dans la bibliothèque de mes parents. Ce n'était pas forcément des grandes lectures : c'était plutôt des romans à l'eau de rose (Danielle Steel, Marc Lévy) ou bien des thrillers (les livres de Pierre Bellemare ou de Mary Higgins Clark). J'adorais les concours de lecture à l'école. Bref, je lisais tout le temps, j'étais au paradis quand je recevais des bouquins à Noël. Et au final, aujourd'hui, j'interviewe des auteurs pour différents médias. Ça a développé ma créativité, ça m'a montré que d'autres mondes étaient possibles, que ce n'est pas parce qu'on naît à un endroit qu'on est obligés de s'en contenter, ça m'a montré que le monde est vaste et qu'il y a 1000 paysages, 1000 façons de penser. Qu'elles sont toutes compréhensibles, entendables, même si parfois contradictoires.

J'adore être choquée, bouleversée, bouche bée en fermant un livre. J'adore surligner des dizaines de passages au fil de ma lecture. Bref, les livres, c'est un monde qui n'est pas le mien qu'on m'offre tous les jours. Je viens de fermer un bouquin sur les tirailleurs algériens. Je n'avais pas trop envie de m'y mettre et au final, je lis plein de documents et d'articles à ce sujet maintenant que je l'ai fermé. Bref, j'en apprends tous les jours grâce à mes lectures :)

Déborah Laurent et son fils

@seayouson 

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Pour retrouver la plume vive de Déborah, c'est sur son site Seayouson mais aussi sur son compte Instagram ici et Facebook ici.

On adore son concept de podcast privé à offrir à ceux que l'on aime :  À coeur ouvert (et sur Instagram : @acoeurouvert).

Mais aussi son podcast super intéressant à propos de la maternité : My name is Mom
Foncez ! 

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